QUARTIER DEMO

«  On le repeint en quelle couleur le quartier ?
- Rose, mais pas rose ancien, rose bonbon, rose enfant.
- Ce serait vert clair.
- Jaune, jaune orangé !
- Un joli violet tendre, mais pas violet évêque, comme les violettes !
- Ce serait bien d’avoir la main verte avec les gens comme avec les plantes. »

Place des Forges, rue des jardins, rue Boissy d’Englas, rue Franki Kramer….

Annonay, petite ville de France, comme tant d’autres, et si différente. 17000 habitants, plutôt au sud, dans un paysage escarpé. Dans cette ville, un centre ancien qui conserve la mémoire des temps passés, à la fois dans les souvenirs des anciens et dans les murs épais des bâtisses. Un vieux quartier tout en côtes,  échoué dans notre monde moderne, un peu seul et perdu, mais qui se débat pour survivre, qui se démène pour embellir, qui sème pour reverdir, comme le plus vieil arbre du monde.

 

"...Je ne suis pas d’ici. Je suis née dans un autre village, pas très différent. Ne pas être d’ici ne m’empêche pas d’Etre

Etre dans cette histoire

Je suis arrivée de nuit et j’ai eu l’impression de me promener dans un décor de cinéma. carton pâte inhabité, théâtre éteint , le soir.

Il y avait un endroit pour moi, immeuble vide, barre vide, atelier, appartements et ceux d'à-côté.

Je vis dans ce quartier

Je vis sur cette place… Je vis et je travaille sur cette place

les marches de l’Eglise

Pas besoin de télévision, y se passe toujours quelque chose, pas toujours des choses très agréables à voir, pas toujours agréables à vivre ou à entendre, parfois c’est beaucoup de violence, ça arrive assez fréquemment, beaucoup de disputes, de cris, de bagarre

je n’ai pas connu cette époque dont tous les gens ici parlent avec beaucoup de nostalgie ou beaucoup d’émotions souvent, cette époque où la rue était vivante ou tous les commerces était ouverts

je ne sais pas exactement.

Ça a décliné comme ça

je ne sais pas exactement en fait

On raconte que les travaux de cette place ont été problématiques pour les derniers commerçants qui restaient

On raconte que le quartier a été abandonné. Quand quelqu’un s’en va, que ce soit une famille qui déménage ou une boutique qui ferme, grand creux, ça passe pas inaperçu, une marche de moins, dit-on.

On raconte que ceux qui restent n’ont pas le choix, sont obligés de rester là…misère misère fourmis prises dans des petits évènements …

On raconte que l’espace n’est pas partagé.

On raconte qu’Ici tout ce vend. Quartier de toutes les magouilles-trafics pesant pesant, t’as pas 10 euros,

Dans ce quartier, le feu couve sous la cendre

Une étincelle, ça prend tout de suite

je n’ai pas d’inclination au catastrophisme

J’habite juste au-dessus de la boutique, ici.

Quelque chose, je le sens, quelque chose est en train de naître… ces dernières années, comment expliquer... ce bal là, beaucoup de gens enfin il se passe quelque chose enfin on va faire revivre enfin on remonte la pente plein de petites choses des petites choses qui donnent de l’espoir espoir le mot est fort espoir ou oui espoir ou quelque chose comme ça.

Ca ne tient à pas grand-chose l’équilibre .

Je n’ai pas peur. Je n’ai jamais eu peur. Je connais chaque prénom, chaque visage. Quand je me fais du café on en boit tous ensemble...

Je suis le vestibule. Je fais le lien entre la maison et la rue, ou on enlève ses vêtements de l’extérieur pour mettre ses chaussons ou ses chaussures pour sortir.

Je porte mes plumes … je suis une hirondelle, je suis le migrateur qui revient chaque saison. Je fais mon nid.

Je crois que nous ne sommes pas là pour rien."

 

 

Création collective

avec Jérémie Chaplain, Juliette Delfau et Ingrid Lebrasseur

avec le concours des habitants du Centre ancien d'Annonay

 

Reprise 19 septembre 2014 – 20h30
Au théâtre d’Annonay – Entrée Libre