Le président

La pièce est une farce, une satyre invraisemblable : quelque part dans un pays d’Europe qui ressemble pourtant beaucoup à une république bananière ou à une dictature sud‑américaine, le Président et la Présidente viennent d’échapper à un attentat terroriste, fomenté très vraisemblablement par des intellectuels, des étudiants, des anarchistes… des fils, en un mot, puisqu’en tout fils, Œdipe sommeille, n’attendant que de se réveiller. Or, le Président et la Présidente ont un fils… Étudiant de surcroît. Et sa mère rêve qu’il vient les tuer…

Déjà tout est dit. Davantage visionnaire que moraliste, Thomas Bernhard laisse ainsi en testament, une perception ironique, cynique voire désabusée du pouvoir issu de la comédie humaine. Nous sommes dans un monde à l’humour ubuesque. Un monde où le cliché tient lieu de pensée, où la haine, l’égoïsme, la mesquinerie et la peur de l’autre sont l’apanage des puissants, la veulerie celui des faibles. Un monde où l’on se vautre dans le champagne, où l’on s’encanaille délicieusement avec le boucher en tenue de travail, où l’on donne ses vieilles robes à ses domestiques parce qu’elles leur vont si bien, où l’on aime plus que tout son chien, l’adorable petite bête qui a succombé d’une crise cardiaque au moment de l’attentat.

Un couple présidentiel en rupture de tous liens avec l’éthique de ses responsabilités, une montée vertigineuse dans les plus hautes sphères !

 

Avec Nicole Ciappara, Emmanuel Cuchet, Pascal Guerin, Zabel Kasparian

 

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