CEUX QUI RESTENT

 

Une supplication

Chroniques de la pomme et du dosimètre

 

« Saisissez l'opportunité de visiter Tchernobyl, d'approcher le réacteur n°4 et de voir Pripiat, la ville fantôme où la vie s'est arrêtée en une journée! L'occasion unique de revivre la plus grande catastrophe technique du XXe siècle lors d'une journée inoubliable.»

 

Année 2014.

8000 curieux par an sillonnent les rues désertes de Pripiat, sorte de gigantesque Pompéi. Tchernobyl est finalement, aujourd’hui, un site touristique presque comme un autre. Les groupes se retrouvent à déjeuner à la cantine. Ils y croisent les derniers employés de la centrale. On quitte les manteaux dans un vestiaire commun.

Une femme. Elle est « d’ici ». Définitivement liée à cette terre. Même si elle est empoisonnée. Elle en rêve, elle y revient, n’arrive pas à la quitter. Ce serait l’abandonner à sa propre tragédie…Et puis sa peine y est emprisonnée. Et maintenant, elle sert de guide aux touristes.

Un homme. Il fait partie de ceux-ci. Pourtant, il est venu pour autre chose. Pour comprendre peut-être.

C’est quoi, Tchernobyl ? Une  ville? La centrale nucléaire recouverte de son sarcophage ? Les forêts? Les cimetières d’engins ?

C’est tout cela, sans aucun doute. Tchernobyl, c’est tout un monde. Son monde à elle.

La catastrophe connait bien chacun d’entre eux.

Leurs souffrances physiques et leurs douleurs morales approfondies, eux  les indigènes.

Il faut bien que quelqu’un se sacrifie. Comment l’atténuer autrement la propagation du mal ?

Tchernobyl  l’ « absinthe », « l’herbe de l’oubli ». Amnésie délibérée qui a suivi l’explosion de la centrale, révisionnisme insidieux des États, abandon de ces femmes et de ces hommes, peuple silencieux.  Le spectacle de la vie brutalement arrêtée, une menace réelle qui pèse sur leur tête : voilà ce que les touristes viennent voir, comme pour toucher du doigt. Mais ce monde est devenu stérile, sans odeur, ni son, où la menace est  invisible. Où, du jour au lendemain, on observe au lieu de vivre. Où on voit marcher la poussière dans un silence inconnu, inconcevable…Comment lutter contre quelque chose qu’on ne peut pas voir, qu’on ne peut même pas percevoir ?

Cette zone interdite, c’est  aussi un état mental. L’âme humaine peut-elle être irradiée ? Qu’est-ce qui est réel ? Qu’est-ce qui ne l’est pas ? Face à l’impalpable. Un défi métaphysique.

Sous le sarcophage, le réacteur, lui, continue d’exister.

 Un univers terrifiant, quasi irréel qui oblige à effectuer collectivement un travail de mémoire. A la croisée du privé et du public, du personnel et du politique, nous retrouvons l'homme universel avec sa foi, ses doutes, ses petitesses, sa désespérance, son irrépressible besoin d'aimer, sa douleur face à la mort, au vide, son questionnement angoissé sur ce chaos incompréhensible. Et cet homme cherche inépuisablement une vérité…et la vie.

 

Mise en Scène : Juliette Delfau

Avec  Jérémie Chaplain, Ingrid Lebrasseur

Dramaturgie collective

Création lumières : Laurent Deconte

Création costumes : Dominique Fournier

 

Avec le soutien de Quai de Scène, et des villes de Bourg-Lès-Valence, Saint Marcel-lès-Valence, Valence, la Cocoba, du Conseil Général de la Drôme et du Conseil Général de l'ardèche

 Avec le soutien de Jean-Louis Touraine et d'EELV


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CE(UX) QUI RESTE(NT)
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